May B à la maré : une fraternité

Transmission aux stagiaires interprètes de Nucleo 2 de l’École Libre de Maré de Lia Rodriguez

01 fév 2018  >  01 mai 2018

avec Audrey da Silva Pereira, Diego Farias Alves da Cruz, Jeniffer Rodrigues da Silva, Karolline da Silva Pinto, Larissa Lima da Silva, Luciana Barros Ferreira, Luyd de Souza Carvalho, Marlion dos Santos Araujo, Raquel Alexandre David Silva, Ricardo de Araujo Xavier

Artiste chorégraphique pour la transmission Isabelle Missal

Ce travail sur l’œuvre de Samuel Beckett, dont la gestuelle et l’atmosphère théâtrale sont en contradiction avec la performance physique et esthétique du danseur, a été pour nous la base d’un déchiffrage secret de nos gestes les plus intimes, les plus cachés, les plus ignorés. Arriver à déceler ces gestes minuscules ou grandioses, de multitudes de vies à peine perceptibles, banales, où l’attente et l’immobilité «pas tout à fait» immobile, laissent un vide, un rien immense, une plage de silences pleins d’hésitations. Quand les personnages de Beckett n’aspirent qu’à l’immobilité, ils ne peuvent s’empêcher de bouger, peu ou beaucoup, mais ils bougent.

Dans ce travail, à priori théâtral, l’intérêt pour nous a été de développer non pas le mot ou la parole, mais le geste dans sa forme éclatée, cherchant ainsi le point de rencontre entre, d’une part la gestuelle rétrécie théâtrale et, d’autre part, la danse et le langage chorégraphique.

En 1980, au moment où mon travail était balbutiant, j’ai eu la chance de rencontrer quelques interprètes qui ont permis le déploiement de ma démarche par un engagement rare compte tenu des conditions excessivement précaires, qui étaient les nôtres à cette époque-là. Parmi eux, Lia Rodrigues, une jeune danseuse brésilienne, a accompagné ces premiers pas participant aux reprises de pièces en tournées et aux créations. En 1981, elle participe à la création de May B avant de ressentir l’élan que cette expérience avec nous lui donne pour retourner au Brésil et entamer un travail ancré dans son pays auprès de jeunes danseurs brésiliens.

On sait depuis le chemin parcouru par la chorégraphe, création de pièces tissées par les expériences  traversées avec courage et ténacité durant de longues années avant une reconnaissance internationale, en France notamment, qui lui permettra de créer un festival international «  panorama » qu’elle maintiendra pendant plus de 10 ans tout en menant une réflexion qui l’amènera à installer sa compagnie au sein de la favela de Maré à Rio de Janeiro, quartier où les habitants sont  confrontés à des situations d'inégalités économiques et sociales, une confrontation où la vie et la mort sont quotidiennes. Là, elle aménage un hangar et parallèlement au travail de sa compagnie qui y répète, elle met en place l’utopie d’un projet d’école permettant une formation continue pour les jeunes de la favela, formation qui bénéficiera  des bourses de la Fondation Hermès.

Depuis plusieurs années, nous avons avec Lia un rêve : celui de transmettre la pièce May B à ses étudiants de la Maré. La pièce, qu’elle a vu naître, se révèle être le lieu d’une transmission particulièrement sensible en direction de jeunes danseurs amateurs et professionnels.

Maguy Marin

Avec le soutien de La Fondation Hermès, la SACD dans le cadre de ses actions de sensibilisation et d’éducation artistique, l’Institut Français et les services culturels de Rio, l’Onda